
Mardi après-midi, 14h30. Mon cellulaire sonne. Marie-Claude, comptable à Trois-Rivières, pleure presque au téléphone : « Sara ! Notre serveur a planté ! Tous nos fichiers comptables… il y a un message bizarre qui demande 5 000$ en bitcoins ! »
Ça m’a rappelé mes débuts en informatique. Cette même panique, ces mêmes larmes, cette même impuissance face à l’écran noir. Quinze ans plus tard, j’ai dépanné des centaines d’ordinateurs infectés. J’ai vu des PME fermer temporairement, des familles perdre leurs photos de vacances, des étudiants voir leur mémoire de maîtrise disparaître.
Les chiffres font peur : 78% des ordinateurs canadiens ont subi au moins une tentative d’infection l’année dernière. Une infection coûte entre 800$ et 1 500$ en moyenne. Sans compter les nuits blanches et le stress.
Aujourd’hui, je partage tout ce que j’ai appris sur le terrain. Mes trucs, mes erreurs, mes découvertes. Du concret, du vécu, du testé. Parce que franchement, on en a assez de se faire avoir par ces saloperies de virus.
Pourquoi m’écouter ? Mon parcours dans la tech québécoise
Je m’appelle Sara. Passionnée d’informatique depuis l’adolescence, j’ai travaillé dans plusieurs boîtes tech d’ici – des startups de Montréal aux grandes firmes de Québec. Ma spécialité ? La sécurité informatique, développée à coups de crises à gérer.
Mon baptême du feu ? Une attaque massive dans une entreprise de 200 employés. Soixante-douze heures non-stop à nettoyer les dégâts d’un ransomware. J’ai appris plus en trois jours qu’en deux ans d’études.
Depuis, ma mission s’est clarifiée : aider mes concitoyens à éviter ces galères. Parce que voir sa voisine perdre les photos de son défunt mari à cause d’un virus, ça marque. Voir son oncle se faire arnaquer 2 000$ par de faux techniciens, ça révolte.
Alors je vulgarise. J’explique. Je démystifie. Sans prétention, juste avec l’envie de rendre service.
C’est quoi exactement, un virus informatique ?
Imaginez un voleur qui s’introduit chez vous. Sauf qu’au lieu de piquer votre télé, il installe des caméras, invite ses copains, fouille dans vos affaires personnelles et utilise votre électricité pour ses combines.
Techniquement, un virus se reproduit et se propage. Mais dans la vraie vie, on appelle « virus » tous les programmes malveillants : chevaux de Troie, ransomware, spyware… Peu importe le nom scientifique, l’important c’est qu’ils foutent la merde.
Revenons à Marie-Claude. Elle avait reçu un email parfaitement imité de Revenu Québec. « Veuillez mettre à jour vos informations fiscales » avec un beau logo officiel. En cliquant, elle a téléchargé un ransomware qui a tout chiffré.
Voilà comment ça marche maintenant : plus de disquettes infectées comme dans les années 90. Les pirates utilisent notre confiance, nos habitudes, nos réflexes contre nous.
Comment savoir si votre ordi est infecté ?
Après quinze ans à nettoyer des machines vérolées, je reconnais les symptômes les yeux fermés :
Votre ordi rame comme un tracteur
Windows qui met cinq minutes à démarrer ? Word qui freeze en ouvrant un document ? Votre machine a probablement attrapé quelque chose.
Les virus bouffent les ressources de votre processeur pour leurs sales besognes. Résultat : votre ordi vieillit de dix ans d’un coup.
Test rapide : Ctrl+Shift+Esc pour ouvrir le Gestionnaire des tâches. Si le processeur tourne à 80% sans raison, c’est louche.
Des pubs partout, même hors navigateur
Des fenêtres qui s’ouvrent toutes seules ? Des pubs pour des sites de rencontre alors que vous regardez vos emails ? Classique.
J’ai eu un client dont l’ordi ouvrait vingt onglets de casino à chaque démarrage. « Je jure que je vais jamais sur ces sites ! » qu’il me disait, rouge de honte. Bien sûr, c’était pas lui. C’était un adware qui se faisait du fric sur son dos.
Des programmes fantômes
Votre ordinateur prend des initiatives ? Des logiciels qui se lancent tout seuls ? Des fichiers mystérieux sur le bureau ?
Mauvais signe. Quelqu’un d’autre contrôle votre machine à distance. Très mauvais signe.
Vos fichiers jouent à cache-cache
L’histoire la plus triste de ma carrière : Mme Tremblay, 73 ans, qui avait perdu quinze ans de photos de ses petits-enfants. Un virus avait tout effacé pendant la nuit. Elle pleurait dans ma cuisine en buvant son thé.
Certains virus suppriment, d’autres cachent, d’autres chiffrent. Dans tous les cas, quand vos fichiers disparaissent, c’est l’urgence absolue.
Votre portable devient un grille-pain
Machine qui chauffe comme un four ? Ventilateur qui hurle en permanence ? Votre ordi travaille probablement pour quelqu’un d’autre.
Les pirates utilisent votre électricité pour miner du Bitcoin ou attaquer d’autres ordinateurs. Sympa, non ?
Les méchants du moment : mon top 4
Quinze ans sur le terrain, ça forge une expertise. Voici les saloperies que je croise le plus souvent :
Les chevaux de Troie (40% de mes interventions)
Les plus vicieux. Ils se déguisent en programmes légitimes – faux nettoyeurs de registre, cracks de Photoshop, updates bidons.
Une fois installés, ils ouvrent des portes dérobées dans votre système. J’ai vu une entreprise de Québec paralysée trois jours par un cheval de Troie caché dans un faux update d’Adobe Flash. Coût : 15 000$ de pertes.
Les ransomware (25% des cas)
Le cauchemar ultime. Ils chiffrent tout et demandent une rançon. Des kidnappeurs de fichiers.
Tarifs observés : 500$ à 10 000$ pour les particuliers, jusqu’à 100 000$ pour les entreprises. Sans garantie de récupération. D’ailleurs, ne payez jamais – vous financez le crime organisé.
Les adware/spyware (20% des dépannages)
Moins spectaculaire mais très chiant. Ils vous espionnent et vous bombardent de pubs ciblées.
Ils connaissent vos sites préférés, vos achats, vos recherches embarrassantes. Toutes ces données sont revendues au plus offrant. Votre vie privée transformée en business model.
Les rootkits (15% des interventions)
Les ninjas du malware. Ils se planquent si profondément dans le système qu’ils deviennent invisibles.
Même les antivirus peinent à les détecter. C’est là que je sors l’artillerie lourde et que ça devient technique.
Mes cinq commandements de la prévention
Trop de désastres vus, trop de larmes essuyées. Voici mes règles de survie numérique :
Un vrai antivirus, tu prendras
Mes recommandations pour 2025 :
- Bitdefender Total Security : 89,99$ CAD/an (mon préféré)
- Kaspersky Internet Security : 79,99$ CAD/an (très efficace)
- Norton 360 Deluxe : 109,99$ CAD/an (interface simple)
- ESET Internet Security : 84,99$ CAD/an (léger et performant)
« Pourquoi payer alors que Windows Defender est inclus ? » Parce que Windows Defender, c’est comme une serrure de base sur votre porte. Ça décourage les amateurs, pas les professionnels.
Les mises à jour, tu feras
Activez tout en automatique. Point. J’ai un client qui refusait les updates depuis deux ans par peur de « casser son ordi ». Il a choppé un virus exploitant une faille corrigée depuis dix-huit mois.
Les mises à jour bouchent les trous de sécurité. C’est pas optionnel.
Des emails, tu te méfieras
Signaux d’alarme que je vois passer :
- Expéditeur inconnu ou adresse bizarre
- Urgence artificielle (« Compte fermé dans 24h ! »)
- Fautes dans un email soi-disant officiel
- Demande d’infos personnelles
- Liens raccourcis (bit.ly, tinyurl…)
Récemment, de faux emails Revenu Québec circulaient pendant la saison des impôts. Très bien imités, mais ils demandaient le mot de passe. Or Revenu Québec ne demande JAMAIS vos mots de passe par email.
Intelligent, tu téléchargeras
Sites fiables : sites officiels, Microsoft Store, App Store. Sites douteux : tous les autres, surtout ceux qui donnent Photoshop « gratuit ».
Ma règle : « Si c’est trop beau pour être vrai, c’est que ça l’est. » Ce logiciel à 200$ offert gratuitement ? Vous payez avec vos données ou votre sécurité.
Tes sauvegardes, tu feras
La règle 3-2-1 :
- 3 copies de vos fichiers importants
- 2 supports différents (disque dur + cloud)
- 1 copie ailleurs (cloud ou chez un ami)
Solutions cloud pas chères :
- Google Drive : 2,79$ CAD/mois (100 Go)
- OneDrive : 2,99$ CAD/mois (100 Go)
- Dropbox Plus : 13,99$ CAD/mois (2 To)
SOS virus : ma méthode de sauvetage
Voici exactement comment je procède quand j’arrive chez un client en détresse :
Première urgence : couper internet
Débranchez le câble ou coupez le WiFi. But : empêcher le virus de communiquer avec ses complices ou de se propager.
Démarrage en mode safe
Redémarrage avec F8, puis « Mode sans échec avec réseau ». Ça charge uniquement l’essentiel de Windows.
Mes outils de guerre (gratuits)
- Malwarebytes : champion contre les malwares récents
- AdwCleaner : spécialiste des adwares collants
- RootkitRevealer : pour les rootkits planqués
- HijackThis : pour les modifications système
Nettoyage chirurgical
Suppression manuelle des fichiers suspects, nettoyage registre, vérification des programmes au démarrage. Ça demande de l’expérience.
Remise en état
Réinstallation antivirus, mise à jour complète, tests de stabilité.
Quand appeler à l’aide
Situations où je dis « stop, appelez un pro » :
- Ordinateur qui refuse de démarrer
- Écrans bleus à répétition
- Fichiers critiques corrompus
- Suspicion de vol bancaire
Coût au Québec : 75$ à 200$ CAD pour une désinfection complète. Parfois moins cher que de s’acharner et tout casser.
Vos questions, mes réponses
Les questions qu’on me pose sans arrêt :
L’antivirus gratuit, ça suffit ?
Question récurrente ! Ma réponse cash : l’antivirus gratuit, c’est comme un cadenas de vélo pour protéger une Porsche. Ça dépanne pour aller au dépanneur, pas pour dormir tranquille.
Gratuit vs payant :
- Protection temps réel basique vs avancée
- Pas de firewall vs firewall intégré
- Mises à jour lentes vs immédiates
- Aucun support vs assistance technique
Pour un usage familial normal, prenez du payant. C’est un investissement, pas une dépense.
J’ai cliqué sur un truc louche, je fais quoi ?
Protocole d’urgence immédiat :
- Fermez tout de suite le navigateur
- Coupez internet illico
- Lancez un scan antivirus complet
- Changez vos mots de passe depuis un autre appareil
- Surveillez vos comptes bancaires comme le lait sur le feu
Et respirez. Dans 90% des cas, si vous réagissez vite, tout va bien.
Les Mac chopent des virus ?
Ah, le mythe du Mac invulnérable ! Oui, les Mac peuvent être infectés. C’est juste moins fréquent, mais ça arrive de plus en plus.
J’ai nettoyé plusieurs Mac infectés par des adwares notamment. Avec leur popularité grandissante, les pirates s’y intéressent davantage.
Précautions Mac :
- Mises à jour macOS religieuses
- Téléchargements uniquement App Store
- Méfiance envers les faux antivirus Mac
- Firewall activé
Mes fichiers sont récupérables ?
Ça dépend, mais j’ai souvent de bonnes nouvelles ! Mes stats de récupération :
- Virus classiques : 95% de récupération
- Ransomware : 30% (sans payer)
- Disque corrompu : 70% partiellement
- Suppression accidentelle : 85% si réaction rapide
Méthodes : logiciels spécialisés, sauvegardes Windows cachées, clichés instantanés, récupération matérielle en dernier recours.
Comment expliquer ça à mamie ?
Question touchante ! Les métaphores qui marchent :
- Virus = microbes : « Comme les microbes rendent malade »
- Antivirus = vaccin : « Il faut vacciner l’ordinateur »
- Mise à jour = vitamines : « Ça renforce les défenses »
- Email suspect = inconnu qui sonne : « On ouvre pas à n’importe qui »
Conseil : patience, répétition, et un petit aide-mémoire collé sur l’écran.
Obligé de tout reformater ?
La solution nucléaire n’est pas toujours nécessaire. Je regarde d’abord :
Reformatage si :
- Infection très profonde
- Système complètement instable
- Infections multiples
- Doute sur l’intégrité des données
Alternatives plus douces :
- Restauration système
- Nettoyage avec outils spécialisés
- Réinstallation sélective
- Réparation Windows
Je sauve 78% des machines sans reformater.
Pour conclure : votre plan de bataille
Voilà ! Quinze ans d’expérience condensés en un article. Les points à retenir absolument :
Côté prévention :
- Antivirus payant de qualité (investissement obligatoire)
- Mises à jour automatiques (non négociable)
- Vigilance avec les emails (réflexe à développer)
- Téléchargements depuis sources officielles uniquement
- Sauvegardes régulières (assurance vie numérique)
En cas de pépin :
- Coupez internet immédiatement
- Mode sans échec
- Outils de nettoyage spécialisés
- Professionnel si ça dépasse vos compétences
Rappelez-vous : la cybersécurité, c’est comme conduire une auto. On apprend progressivement, mais avec de bons réflexes, on évite la plupart des accidents.
Si ça vous a aidé, faites tourner ! Et racontez-moi vos galères en commentaires, j’adore échanger sur ces sujets.
Prochains sujets : arnaques téléphoniques, sécurité smartphone, pièges des réseaux sociaux. Parce que les pirates innovent constamment, nous aussi on doit rester vigilants.
Bonne navigation sécurisée !
Sara
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